Avoir la chance de s’immerger directement au cœur d’une assistance d’un team d’usine comme le Toyota Gazoo Racing, cela nous a été proposé par le Service Presse Toyota France. Nous pouvons vous garantir que nous n’avons pas boudé notre plaisir !

En parallèle à cette invitation, nous avons pu suivre directement 4 épreuves spéciales. Cela nous a permis de juger des performances incroyables des voitures engagées en WRC, dont les marques rivalisent d’audace technologique pour triompher, à tour de rôle. En 4 courses nous avons enregistré quatre vainqueurs différents : Ford au Monte Carlo avec Ogier, Toyota en Suède avec Latvala, Citroën au Mexique avec Meeke et enfin Hyundai ici en Corse avec Neuville.

En Corse, sur un parcours particulièrement sinueux au revêtement d’asphalte et avec des spéciales particulièrement longues, l’équilibre des autos doit être parfait et la gestion des pneus n’est pas une sinécure.

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Team Toyota WRC – Organisation et efficacité hors pair

La course avait mal débuté pour la Toyota N° 11 de Juho Hanninen, puisqu’avant même la fin de la première spéciale, le pilote heurtait un muret et abandonnait en déclarant : «  Il y avait de l’humidité à la fin de la spéciale, j’ai eu un moment d’hésitation et j’ai tapé… ».

Le règlement du championnat du monde autorisant une réparation des voitures accidentées le premier jour, afin qu’elles puissent repartir la seconde journée moyennant une pénalité forfaitaire de 30 minutes, la Toyota Yaris N°11 était remorquée jusqu’au parc d’assistance de Bastia, où nous étions invités pour une visite guidée par Jarmo Lehtinen, ex-brillant coéquipier en championnat du monde des rallyes et directeur sportif du Toyota Gazoo Racing.

Celui-ci nous montre la jante explosée dans le choc en nous précisant :

« Juho a tapé contre un muret, ce qui a abîmé sa jante et créé du frottement, tout en occasionnant une fuite d’huile des amortisseurs… et un incendie, dont on imagine bien le choc et ses conséquences. »

En effet la voiture était bien détruite et le travail n’a pas manqué. L’équipe arrive au bout.

Les mécaniciens semblent sereins pour régler le parallélisme, remonter les freins, les purger… Ils sont en permanence surveillés par un commissaire technique de la FIA, garantissant le respect du règlement car les équipes ne disposent que d’un nombre limité de pièces de rechange autorisées. La pendule affiche le décompte du temps restant mais chacun exécute la tâche prescrite et contrôlée en permanence par le chef mécano et, surveillée d’un œil vif par Jarmo Lehtinen, pourtant occupé à nous fournir des informations sur la structure et la logistique complexe d’un team écartelé entre tous les coins du globe, au cours de la saison.

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Nous apprenons que pour ce Tour de Corse 2017, l’équipe compte 90 personnes  (préparateurs physiques compris) et 7 camions de matériel.

Dans une grande remorque spécialement aménagée, une quinzaine d’ingénieurs  de toutes les spécialités concernées par une auto de course (électroniciens, motoristes, aérodynamiciens, spécialistes des suspensions…), dépouillent les données, scrutent les temps et vont attendre l’arrivée de Latvala pour débriefer avec lui. Ils vont chercher à comprendre pourquoi, après quelques soucis de freins, apparemment résolus, leur pilote de pointe ne parvient pas à avoir un meilleur feeling, lui permettant de se hisser tout en haut de la feuille des temps.

La quasi-reconstruction de la Yaris WRC N°11 est terminée. Les mécaniciens nettoient les stands, vérifient si l’outillage est bien en place, apportent de nouveaux ensembles de suspension destinés à la N°10, qui pointe son nez, en toute tranquillité, pour son temps d’assistance de fin de journée, fixé à 45 minutes.

Latvala arrive, prend son temps pour descendre de l’auto, ajuste sa casquette et se dirige vers le public pour signer quelques autographes. Un passage vers les micros des journalistes accrédités et le voilà disparu dans la salle des ingés pour débriefer à propos du comportement de l’auto dans la seconde partie de journée, qui le voit terminer à la sixième place à 1’00’’2 d’un C. Meeke (Citroën) apparemment impérial, tenant tête à S. Ogier (Ford) à 10’’3 et T.Neuville (Hyundai) à 25’’8.

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Toyota Yaris WRC – Une voiture encore jeune mais prometteuse

Pendant ce temps, Timo Makinen nous explique que la voiture est encore bien jeune. Il précise :

 « Je crois que nous devons mettre la voiture au régime. C’est l’un des aspects sur lesquels nous travaillons actuellement pour la rendre plus rapide. Pour l’heure, nous ne pouvons pas transporter beaucoup de lest pour l’optimiser. Nous planchons sur ces détails et nous sommes ravis de savoir qu’il y a des aspects à améliorer. Nous connaissons les domaines où nous pouvons mieux faire. »

Comme pour justifier cette performance quelque peu en retrait par rapport à la concurrence de Citroën, Ford et de Hyundai, le manager général poursuit :

« Nous n’avons pas fait beaucoup d’essais sur l’asphalte, mais nous avons pas mal progressé depuis ce matin, et nous avons quelques idées pour faire progresser la voiture sur cette surface, notamment sur les amortisseurs, dès demain. Nous continuons à travailler. Nous n’oublions pas que nous sommes là pour apprendre. »

Ensuite, le boss accueille J.M Latvala à l’hospitalité Toyota réservée aux membres du team et aux invités. De l’autre côté de l’atelier, une fan-zone grouille de supporters ravis de pouvoir suivre les classements, les vidéos et regarder en direct le travail des mécaniciens, qui surveillent la pendule égrenant les minutes restantes, avant de libérer l’auto qui va aller sagement se ranger pour la nuit, dans le parc fermé.

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J.M. Latvala avale quelques bouchées et mime avec force gestes le comportement de la voiture. Son visage expressif traduit une sorte d’insatisfaction à ne pas avoir pu s’adapter de manière plus efficace à ce tracé et à ce revêtement corses, tellement particuliers.

Qu’importe, les 45 minutes s’écoulent bien vite. Les quatre mécaniciens, seuls autorisés à travailler simultanément sur l’auto, ont parfaitement exécuté un ballet bien réglé, stupéfiant d’efficacité. Tout le monde va aller dormir afin de reprendre au mieux les affaires pour une troisième et dernière étape, constituée d’une très longe spéciale (53,780 kms) et de la Power Stage finale, que Latvala remportera avec fougue, terminant à la quatrième place au classement général, devançant d’un dixième de seconde, C. Breen (Citroën).

Toyota a su, grâce au final époustouflant de Latvala, conserver une seconde place au classement pilotes et reste sur le podium provisoire des constructeurs derrière Ford et Hyundai.

Nous avons pu apprécier le calme et la maitrise de l’équipe Toyota, qui opérant à partir de sa base finlandaise n’en est pas moins très proche de l’usine au Japon.

Latvala, qui semblait avoir de la peine à prendre ses responsabilités dans le team Volkswagen, peut-être étouffé quelque peu par l’omniprésent Sébastien Ogier, donne l’impression d’avoir pris beaucoup d’assurance et de maîtrise chez Toyota. En tout cas, il peut compter sur une équipe très motivée, pleinement  à son écoute.

Le championnat est encore long et, incontestablement, Toyota vendra chèrement sa peau pour le titre constructeurs. Nous en reparlerons prochainement !

Alain Monnot | texte et photos

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