Comme vous l’aurez surement remarqué, le Mag Starterre a décidé de suivre la saison 2016 du jeune Vincent Dubert engagé dans le championnat du monde rallyes en catégorie Junior-WRC. Nous avions arrêté ce choix pour son impressionnante progression lui ayant valu de gagner, en 2015, le Citroën Racing Trophy, mais aussi en raison de son humilité, sa maturité, sa lucidité et son sérieux.

Etant arrivé au terme de sa saison 2016, à l’issue des six rallyes du championnat Junior-WRC, où malgré une concurrence très étoffée avec de nombreux redoublants (Tempestini, Folb, Veiby, Koci, Rossel, Al Mutawa…), Vincent Dubert accompagné par Alexandre Coria, termine la saison sur le podium de la catégorie, derrière Tempestini et Koci, confirmant ainsi toutes les qualités de cet espoir français du rallye.

Classement final Junior WRC 2016

  1. Simone TEMPESTINI – 123 points
  2. Martin KOCI – 82 points
  3. Vincent DUBERT – 64 points
  4. Ole Christian VEIBY – 62 points
  5. Terry FOLB – 58 points

Un « apprentissage » réussi

Malgré une mise en jambes réussie au Rallye de Monte Carlo, le championnat Junior-WRC 2016 ne fut pas un long fleuve tranquille. Le passage dans le grand bain international, avec un format d’épreuve cadré sur trois jours, dans des contrées totalement nouvelles, nécessita un changement radical dans le mode d’organisation.

Appréhender toutes les subtilités du règlement, rouler derrière les rois du WRC ayant bien ravagé les trajectoires, trouver le bon rythme sur des spéciales de longueurs très variables, tout cela constituait un véritable apprentissage que les principaux rivaux pour le classement final avaient déjà effectué durant un an ou deux. Par ailleurs, même si les montures étaient identiques (DS3 R3 MAX), trouver d’entrée de jeu les bons réglages en fonction du terrain impliquait également une expérience que Vincent Dubert ne possédait pas encore.

Sans complexe, l’équipage Dubert-Coria abordèrent la saison avec le souci premier de jouer sur la plus grande régularité possible, sans prise de risque excessive, dans le but savamment calculé de marquer des points sur chaque rallye.

Dire que les choses furent faciles serait un doux euphémisme. Souvent les mises en action étaient un peu plus laborieuses que celles de la concurrence relevée de la catégorie Junior-WRC. Les choix des pneumatiques s’avéraient parfois hasardeux par une méconnaissance des gommes et de la réalité du terrain. Le jonglage entre les temps d’assistance et de pointage n’était pas forcément évident. Pourtant jamais, le moral des deux coéquipiers ne flancha. Au contraire, au fil des épreuves (Portugal, Pologne, Finlande et Allemagne), le duo, intégrant toutes les ficelles du métier à haut niveau, montait en régime et se faisait remarquer en réussissant certains très bons chronos.

La Corse et le Pays de Galles ne leur permirent pas vraiment de se mettre à nouveau en valeur. En effet, deux pépins techniques (capteur de pression de la pompe à essence et turbo explosé) les reléguaient en rallye 2. Très frustrés, ils se résolurent à franchir la ligne d’arrivée coûte que coûte, sans plus se préoccuper des temps réalisés, mais avec pour seule obsession celle de marquer des points malgré tout. Les 8 points en Corse et les 12 récoltés au Pays de Galles permirent de monter sur le podium Junior WRC 2016. Une belle récompense pour ce jeune pilote qui, à 24 ans, confirme sa progression méthodique et résolue vers l’élite mondiale, grâce au soutien indéfectible de Citroën Racing.

Bilan et perspectives

Avec lui, nous effectuons un bilan de cette saison Ju,ior WRC 2016, et tentons de nous tourner vers 2017.

Alors Vincent, satisfait de cette troisième place finale ?

 Oui, entièrement satisfait, en ce sens que ce fut une saison extrêmement riche en apprentissages et en découvertes dans cette catégorie du championnat Junior-WRC, totalement différent du championnat en France. Ce fut un super aboutissement pour nous les équipiers mais aussi, pour toute l’équipe AFC Racing et les mécaniciens, qui ont effectué un sacré travail, notamment dans la dernière épreuve où ils ont réalisé des prouesses pour que nous puissions repartir lors de la dernière journée au pays de Galles. Je pense également que terminer premier rookie et premier français en Junior-WRC me permet de remercier Citroën Racing de la plus belle manière.

Pour une première année en Junior-WRC, le titre était-il jouable ?
Qu’est ce qui t’a manqué pour y parvenir ?

 Ce qui m’a manqué, c’est de l’expérience sur le terrain mais aussi de l’expérience par rapport aux autres concurrents. Si nous avions été au même niveau, il y aurait eu chez mes concurrents plus de crevaisons, plus de problèmes dus à la méconnaissance du terrain…ça aurait donc été beaucoup plus jouable.

Le titre, c’était bien l’objectif, mais il faut bien reconnaitre que c’était très compliqué. Par exemple, au niveau des connaissances mécaniques pour les réparations de fortune, ce furent des choses que l’on a apprises sur le tas et que les autres pilotes connaissaient déjà.

Nous souhaitions pourtant montrer que nous étions toujours à l’arrivée que nous ne voulions pas brûler les étapes dans l’apprentissage. Nous pouvions terminer tous les rallyes sans se mettre sur le toit ou hors de la route. Au-delà, nous voulions prouver que nous n’étions pas là par hasard et que nous pouvions faire des temps comme sur la terre en Pologne ou sur l’asphalte en Allemagne sous la pluie et dans la boue, où nous avons dominé notre catégorie dans bon nombre de spéciales du samedi et du dimanche.

Que retiens-tu de ce championnat ?
En quoi as-tu le sentiment d’avoir progressé ?

 Ce que je retiens, déjà c’est la découverte de chaque pays. On roule sur deux surfaces et pourtant je considère qu’il y a bien six parce que les 6 rallyes étaient complètement différents. Ensuite ce que je retiens c’est vraiment la prise d’expérience. Chaque kilomètre, chaque assistance, chaque briefing, chaque debriefing avec l’équipe, avec Citroën tout cela c’était vraiment un pas de plus vers l’avenir et la possibilité de m’épanouir un peu plus l’année prochaine, dans la mesure du possible en championnat du monde, et pouvoir également augmenter le rythme en toute sécurité.

Quels sont tes projets pour la saison 2017 ?

 Pour le moment ils restent un peu en suspens, parce qu’on ne sait pas quel constructeur sera retenu dans le cadre de l’appel d’offres lancé par la FIA pour le Junior-WRC 2017.

Mes projets seraient de pouvoir exploiter l’expérience acquise au cours de cette saison 2016 et forcément, repartir en championnat du monde Junior. Après, tout dépendra également d’une recherche active et intense de partenaires, recherche qui a déjà démarré depuis quelques semaines.

Ce ne sont pas seulement ma motivation et ma forte envie qui me permettront d’y aller, puisqu’il faut composer avec le facteur finances. Je garde bon espoir de pouvoir monter un programme.

Repartir en Junior-WRC c’est l’objectif, après si je trouvais de gros sponsors, rouler en WRC 2 en 2017, serait bien évidemment le rêve absolu. Aujourd’hui, je n’exclus aucune possibilité.

Effectivement, Vincent Dubert a rendu en fin de saison Junior WRC 2016 une très bonne copie avec des points marqués à chaque épreuve et le podium très gratifiant pour un novice à ce niveau de compétition. Citroën, à la croisée des chemins avec le passage de témoin à la marque DS, voudra-t-elle et pourra-t-elle encore accompagner une pépite, dont elle a préparé l’éclosion ? Dans quelle logique les deux services compétition vont-ils fonctionner ?

Ces questions, Vincent se les posent bien entendu mais son pragmatisme prévaut et s’il peut réunir un budget correct, le choix des armes lui appartiendra. C’est tout le mal que nous lui souhaitons.

Alain Monnot | Crédit photographique : Racing Management et team

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