Le week-end dernier, nous avions la chance de vivre la 69 ème édition du rallye Lyon-Charbonnières au sein du team FJ, qui alignait quatre Skoda Fabia R5 4 roues motrices sur les routes tourmentées du Beaujolais. Retour sur cet évènement incontournable en Rhône-Alpes !

Le Charbo, Une véritable expédition

A cette occasion, nous avons mesuré combien la préparation d’une telle « expédition », loin des bases habituelles de l’écurie nécessitait d’organisation et de logistique pour faire face à toutes les situations en course et pour assister les voitures à des points précis, avec des temps impartis n’excédant jamais les 40 minutes. Ajoutez à cela les questions d’intendance pour la nourriture et le couchage de 45 personnes et vous comprendrez qu’une planification très sérieuse avait été programmée.

Notre objectif était de voir de près comment les choses pouvaient se passer pour les équipages et les mécaniciens.

Jean Galpin, le père, et Jérôme Galpin, le fils, se répartissent le rôle essentiel de team manager. Il faut bien dire qu’avec les quatre autos, il y a fort à faire. En effet, en plus de l’ancien de la maison, Pierre Roché sur la N°4 et Vincent Dubert, le petit nouveau sur la N°5, deux autres pilotes, Ludovic Gal et Fabrice Bect, sont engagés sur la N°12 et la N°14, dans le cadre d’un programme interne de détection de jeunes talents.

Avec deux autos neuves, juste préparées une semaine avant, et les deux autres à valider dans leur définition de course, il convient de procéder à une vérification minutieuse en situation de roulage rallye. Nous retrouvons donc pilotes, mécaniciens, ingénieurs et managers sur un parking de la Chapelle/Coise, avant qu’ils n’étalonnent les montures sur une base d’essais dûment autorisée et sécurisée.

Après les réglages déterminés en fonction des ressentis de chaque pilote et des chronos réalisés, les autos, transportées sur camion-porteur, sont  présentées aux vérifications techniques. Nous sommes le jeudi soir et deux jours de rallye nous attendent…

Pour assister les autos, il faut savoir que Marco, ingénieur référent « suspension », supervise les 4 Skoda. Jean-Jacques, ingénieur systémiste, décide et coordonne toutes les opérations sur les Skoda N°5 et 14 de Vincent Dubert et Fabrice Bect, tout comme  Vincent pour les N°4 et N°12 de Pierre Roché et Ludovic Gal.

De la même manière, deux mécaniciens sont affectés par voiture et l’on peut dire que Tof et  Thomas (N°5) ; Jérémy et Romain (N°4), Fabien et Simon (N°12) et Thierry et Alison (N°10) ne chômeront guère au cours du rallye.

Pour leur faciliter la tâche, les ingénieurs établissent des fiches précises d’opérations à effectuer. Ensuite, il est intéressant  d’observer comment chaque opération est exécutée de manière précise, rapide et efficace.

Observation, concertation et décision

Le découpage du rallye  conduisait les concurrents vers les villages de Ternand, Bibost, Marchampt, Mardore, Saint Bonnet le Troncy, pour y disputer, en tout, 13 épreuves spéciales et le parc d’assistance était situé à Villefranche sur Saône. Ayant pris le parti d’aller voir les autos passer lors d’un maximum de spéciales, nous réalisons deux jours d’une sorte de course dans le rallye pour jongler avec les routes fermées, les embouteillages pour accéder à des points de vue significatifs et également pour revenir aux points de regroupement et d’assistance afin de rencontrer les pilotes, d’observer le travail des mécaniciens et de partager avec Pierre Roché et Vincent Dubert les émotions de la course.

Dès les premiers passages, nous savons déjà que les Skoda Fabia du team FJ, pour rapides qu’elles soient, se situent un ton en dessous de la concurrence. Outre les WRC ne marquant que la moitié des points en championnat de France en raison de leur faible nombre (D. Salanon Fiesta N°1 et F. Lions DS3 N°2), on trouve en effet des clients sérieux comme Y. Bonato (DS3 N° 3), F. Lafuego (Fiesta), Y. Rossel (DS3 N°9), J. Ancian (Fiesta N°10) et Pierre Roché, le chef de file des Skoda FJ avec toute sa connaissance du Charbo (il en est à sa 11ème participation cette année).

Les ingénieurs et les Galpin sont à l’affût des temps et des commentaires des observateurs du team, dont le père de Vincent Dubert que nous accompagnons. Celui-ci constate que les suspensions ne travaillent pas de manière assez efficace pour ce type de terrain spécifique, avec beaucoup de grip et des vitesses de passages élevées.

Au parc d’assistance de Villefranche/Saône, c’est un véritable show que nous offrent les mécaniciens de l’équipe. Alexandre Cordia, le copilote remet à Jean-Jacques, l’ingénieur la clé USB d’acquisition de données de la N° 5. Celui-ci, après avoir échangé avec Vincent Dubert, va s’abriter dans le camion PC pour décrypter les données. Les deux mécaniciens affectés à cette auto réalisent les opérations de maintenance normales, démontent les suspensions en attendant les instructions quant au choix décidés au final, en accord avec le pilote.

Marco, ingénieur référent pour les suspensions, nous confie lors d’une assistance :

«  Ce qui est compliqué pour nous, c’est que nous avons quatre voitures identiques mais aussi quatre pilotes différents, donc pour adapter chaque voiture à chaque pilote, ça n’est pas évident. On a cependant la chance d’avoir une météo calme. »

Vincent nous donne son avis de pilote :

« Pour moi, ce rallye est un peu délicat parce qu’on n’a pas beaucoup de repères. Ici au Charbo, avec ces longs appuis, c’est quelque chose d’assez délicat à maitriser avec nos voitures qui vont extrêmement vite. Du coup, mon manque d’expérience sur la voiture, plus mon manque d’expérience sur le rallye font qu’on manque aussi d’un peu de clarté quant aux axes sur lesquels travailler. Au demeurant, on a quelques idées pour corriger certaines petites imperfections au niveau des réglages. En pilotage aussi, on va regarder les acquis pour voir ce qu’il faudrait corriger et puis voilà. »

Simultanément, les mêmes échanges entre ingénieurs et pilotes ont lieu et les décisions prises pour répondre aux attentes des pilotes tournent toujours entre des choix cornéliens que nous pourrions résumer ainsi. Pour optimiser l’efficacité des autos, les réglages optimum doivent combiner la bonne dureté des ressorts de suspension, avec un bon amortissement hydraulique, tout en permettant un travail des pneus le plus constamment en appui sur la route, sur toute la surface de roulement. Comme toujours, il faut trouver des compromis en fonction de la température de la route, de la longueur des spéciales, de la dureté des gommes, bref ce casse-tête aura duré tout le rallye.

Avant la dernière boucle du samedi, Pierre Roché, décontracté, nous confiait :

«  L’objectif raisonnable, c’est de garder cette cinquième place et de garder la seconde place au trophée Michelin. Devant, il y a deux WRC qui tirent pas dans la même catégorie et deux R5 qui sont des pilotes officiels quasi intouchables, on est bien où on est. C’est un vrai plaisir quand on a une bonne auto, bien réglée, et qu’il fait beau, on ne peut prendre que du plaisir. »

Malheureusement dans la célèbre spéciale de Marchampt, P. Roché tapait et devait renoncer, la mort dans l’âme.

Les jeunes L. Gal et F. Bect apprenaient bien vite l’auto et ne tenaient à pas à tenter des paris osés, heureux de disposer d’une Skoda hyper fiable, ils terminaient respectivement 10ème et 13ème. Quant à V. Dubert, il ne trouvait pas le comportement qu’il aurait souhaité pour tenter de grappiller des places au classement, d’autant plus qu’il avait dû combattre une fièvre tenace, suite à un coup de froid. Avec sagesse et maturité, les jeunes Dubert-Coria terminent à une belle huitième place. Ils remplissent en plus une autre partie de leurs objectifs en prenant la tête du Trophée Michelin, réservé aux amateurs, et se place en quatrième position au championnat de France.

Sur le Charbo, le team FJ a démontré une grande maitrise pour gérer une véritable armada. Il a prouvé la qualité de préparation des autos et la pertinence de ses choix pour faire émerger de jeunes talents. On ne peut que se donner rendez-vous du 12 au 14 mai, pour suivre le Rallye d’Antibes, troisième épreuve d’un championnat de France particulièrement relevé.

Texte + photos  : Alain Monnot

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