Son admiration l’avait porté à rencontrer Guy Ligier. Leur relation amicale et leur esprit d’entreprendre les avaient conduits à relancer la marque Ligier en compétition. Guy Ligier n’est plus mais Jacques Nicolet poursuit son œuvre.
Une rencontre avec Jacques Nicolet est toujours instructive pour autant que l’on puisse saisir ce feu follet de l’endurance et se poser un moment ensemble.
Habité par une vraie passion automobile, Jacques Nicolet connait tout de la compétition d’endurance, puisque depuis toujours il en suit les courses. Ensuite, toujours dans cet univers, il a endossé divers costumes avec la combinaison de pilote, les écouteurs du manager Oak Racing et le costume du Président Onroak Automotive, qui nous reçoit en marge de la journée test.
Jacques, cette année vous ne roulez pas personnellement mais combien avez-vous de voitures engagées ?
« Nous alignons 11 voitures en LMP2, au titre de Onroak Automotive. »
Vous, le passionné d’automobile et de compétition, quels sentiments éprouvez-vous à la veille de cette course magique, mythique et unique comme peut la qualifier l’ACO ?
« D’abord, ça me fait plaisir d’avoir atteint ce résultat. Je suis fier pour l’entreprise que l’on a créée et que l’on développe, d’avoir pratiquement 50% de la grille en LMP2. Comme cette année, nous obtenons des résultats sportifs fabuleux avec les équipes qui font rouler nos voitures (victoire à Daytona, victoire à Sebring), nous sommes optimistes et préparons l’arrivée de notre nouvelle LMP2 217 l’année prochaine, voiture exceptionnelle grâce à tous les acquis que nous avons engrangés avec notre Ligier JS P2.
Effectivement, Le Mans représente une vitrine extraordinaire pour l’endurance mais, actuellement, nous avons à peu près 70 Ligier qui roulent en course dans ce monde varié de l’endurance où nous avons pris une réelle place. »
Sur le plan personnel comment allez-vous vivre ces 24 heures ? Vous allez être stressé, détendu… ?
« D’abord, cette année, j’ai la chance de faire quelque chose de très sympa. C’est l’épreuve Road to Le Mans en LMP3 avec Pierre, mon fils. C’est pour moi une très grande satisfaction, qui compense pratiquement le fait de ne pas disputer les 24 heures. Non, pour ma part, je suis assez serein. On a mis une belle organisation en place pour soutenir nos clients. Nous avons une très belle présence de Onroak Automotive sur le circuit, avec nos ateliers qui se trouvent jusqu’à côté ce qui constitue un atout énorme pour les teams qui nous font confiance.
Globalement je suis optimiste mas je sais aussi par expérience qu’aux 24 heures du mans tout peut arriver, pour tout le monde et dans tous les sens, les bonnes comme les mauvaises choses. Cela fait d’ailleurs tout le charme de cette course ! »
Votre cœur ne balance pas forcément pour une écurie mais pour Ligier. N’êtes-vous pas un peu écartelé avec cette profusion de bons équipages ?
« Oui, bien sûr, je souhaite que les Ligier soient les plus proches de la plus haute marche du podium et bien évidemment je n’ai pas de préféré. Je serai ravi du résultat. »
Pouvez-vous nous parler de cette assistance Onroak apportée aux teams ?
« Tout dépend de chacune des écuries. Certaines ont souhaité avoir une assistance particulière qu’on leur fournit. Nous avons mis en place un support clients pour tous les teams avec une équipe d’ingénieurs et de mécaniciens disponibles sur le circuit, en réponse immédiate soit pour un problème particulier, soit pour fournir des pièces immédiatement. »
Comment voyez-vous la concurrence sur cette course du Mans ?
« C’est clair que cette année nous avons une très belle compétition entre Oreca et Ligier. Je suis très honoré d’être à la hauteur d’un constructeur comme Oreca qui a un parcours fantastique et a connu une très belle histoire. Actuellement nous avons un petit écart de génération de voitures qui ne joue pas en notre faveur, mais c’était l’inverse précédemment. Donc voilà, c’est la course, un coup à toi, un coup à moi, ça n’empêche pas que l’on va tout faire comme en début de saison (1er et 2ème à la première course du championnat du monde et 2 et 4 à la seconde) pour jouer les premiers rôles. Le niveau est extrêmement élevé au niveau des constructeurs, des pilotes et des teams. C’est absolument incroyable. On garde le terme d’endurance mais c’est un sprint permanent, où nous espérons bien que les Ligier tireront leur épingle du jeu. »
Quelle est la taille de votre entreprise maintenant ?
« Onroak Automotive fait partie d’un ensemble de structures qui se sont développées progressivement et qui aujourd’hui fonctionnent avec pas mal de synergies entre elles. On est un groupe qui représente un peu plus de 400 personnes et nous avons réalisé 75 millions d’euros de chiffre d’affaire en 2015. C’est une entreprise qui s’est progressivement constituée et qui prend progressivement sa place dans un marché particulier du sport auto, que l’on peut considérer comme une niche. Nous cherchons à avoir une belle place dans la niche. »
Avec un œil vif derrière les petites lunettes, Jacques Nicolet évolue comme un poisson dans l’eau dans les stands et dans les petits espaces privés aménagés dans les semi-remorques, alignés comme à la parade dans le paddock. Il rencontrera, durant toute cette semaine des 24 heures du Mans, pilotes, managers, financiers, industriels et journalistes. Les sollicitations sont nombreuses notamment parce que l’entrepreneur passionné vient de se voir décerner par l’Automobile club de l’Ouest le trophée Spirit of le Mans 2016 pour l‘ensemble de son œuvre automobile.
Son seul moment de respiration, interviendra lorsqu’il pourra laisser s’exprimer toute sa passion lors de la course Road to Le Mans au volant de la Ligier JSP 3 N° 35 le samedi 18 juin à 11 heures.
Où s’arrêtera Jacques Nicolet dans cette marche en avant en compétition d’endurance ? Une LMP1 n’est pas à exclure, même si la prise de décision s’avère délicate en attente des nouvelles règles.
Pour l’heure, le boss analysera tous les faits de course de ses voitures, de la concurrence en LMP2 bien entendu, mais également dans les autres catégories, puisque des LMP1 au GT tout peut donner lieu à des projets nouveaux chez Onroak afin que la niche de l’endurance ressemble à une pyramide avec au sommet le drapeau Ligier marque qu’il fait revivre de la plus belle des manières.
Alain Monnot
Crédit photographique : DPPI, Michel Picard et Gilles Vitry