… Avant le lancement de l’Alpine de route

Nous avons eu la chance de pouvoir côtoyer depuis des années l’écurie berruyère Signatech, qui s’intéressant à l’endurance, a mis sur pied un programme solidement charpenté. Ceci lui a permis de décrocher le titre de Champion du monde 2016 dans la catégorie LMP2 (Le Mans Prototypes 2) avec son Alpine A 460, frappée du numéro 36.

Il faut bien dire que la programmation de cette réincarnation d’une Alpine victorieuse, fut décidée au plus haut niveau de la marque et mise en œuvre en concomitance avec la préparation, la présentation et bientôt, la sortie d’une toute nouvelle Alpine de route.

Pour le domaine sportif, Philippe Sinault, team principal de Signatech, a misé sur un châssis Oreca badgé Alpine pour gravir progressivement les marches de la participation vers le couronnement mondial.

En 2013 et 2014, le team, tout en fourbissant ses armes, remporte le titre en European Le Mans Séries, avant de monter en championnat WEC FIA.

En 2015 donc, la saison fut consacrée à un apprentissage méticuleux de tous les paramètres de cette catégorie, très huppée au niveau des teams et des pilotes. Une victoire encourageante en Chine incitait les responsables de l’engagement de l’Alpine à ce niveau, à se structurer au mieux pour maîtriser totalement leur sujet en 2016.

Signatech engage 2 Alpine en 2016

Effectivement, afin de pouvoir engranger le maximum d’informations lors des divers roulages, essais et courses, le team Signatech-Alpine engageait en 2016 deux autos, notamment grâce à l’apport financier des chinois (Baxi DC ), qui plaçaient ainsi deux pilotes dans le baquet de la N°35 (David Cheng et Ho Pin Tung).

Même si les performances, somme toute assez modestes des pilotes chinois, ne permettaient pas à ce proto d’envisager d’affoler les classements (malgré le renfort d’un rapide et expérimenté Nelson Panciatici) cette seconde voiture constituait une pièce importante du puzzle de l’écurie.

La masse de données récoltées a permis d’avancer très rapidement dans la compréhension de la version 2016 de l’Alpine A 460 et ainsi, d’exploiter au plus juste les potentialités de l’auto, en élaborant des stratégies pertinentes. La première course de la saison à Silverstone nécessita un temps de compréhension du fonctionnement des pneumatiques sur le mouillé.

Bien sûr, Signatech-Alpine était bien née, mais pour apprécier son niveau de compétitivité, il faut savoir que dans le peloton des LMP2, 20 concurrents se bagarraient, tant sur des Oreca 05 tout à fait similaires à l’A 460, que sur des Ligier JSP2, tout aussi performantes. Preuve de cette concurrence de haut vol, lors de nombreuses épreuves de 6 heures, après quatre heures de course, il n’était pas rare de trouver trois ou quatre concurrents dans le même tour et les podiums se jouèrent souvent à la toute fin de la course, avec des écarts infimes.

Cette maîtrise absolue de la stratégie, nous en avons été témoins lors des 24 heures du Mans, au cours desquelles la gestion des pneumatiques, des ravitaillements, des changements de pilotes, des contrôles mécaniques sur la N°36, après que la N° 35 ait connu un incident de freins, tout cela fut exécuté à la perfection, avec à la clé une victoire éclatante, faisant suite à celle déjà obtenue à Spa.

Insatiable, l’écurie Signatech-Alpine gagna ensuite la course du Nurburgring, termina seconde, à deux secondes du vainqueur à Mexico et gagna de nouveau, sur le circuit des Amériques. Toujours composée de Gustavo Menezes, Nicolas Lapierre et Stéphane Richelmi et assurée du titre grâce à une quatrième place à Shanghai, l’équipe s’en est allée, le cœur léger, à Bahreïn pour la dernière épreuve 2016.

On savait l’équipe libérée et animée par une forte envie de victoire afin de couronner en beauté une saison exceptionnelle. Si les choses débutaient bien avec une maîtrise de la situation durant les deux premières heures de course mais comme l’a indiqué Stéphane Richelmi : Nous étions dans la lutte pour la victoire, mais avec l’arrivée de la nuit, nous avons perdu toute la performance.

Dans ces conditions, une gestion plus défensive de la course fut enclenchée et l’Alpine N° 36 accéda une fois de plus à un podium, juste à un tour derrière l’Oreca du G Drive et la Ligier de RG Sport by Morand.

Qu’importe si pilotes et mécaniciens compétiteurs dans l’âme ambitionnaient comme toujours une victoire, tous se réjouiront et savoureront une couronne mondiale décrochée de haute lutte face à d’autres écuries très bien structurées également et dont les pilotes, eux non plus, ne manquaient de panache.

Classement 2016 Trophée Endurance FIA Equipes LMP2

  1. N°36      Signatech Alpine (Alpine A 460) – France – 199 points
  2. N°43      RGR Sport par Morand (Ligier JS P2) – Mexique – 169 points
  3. N°26      G-Drive Racing (Oreca 05) – Russie – 164 points
  4. N°31      Extreme Speed Motorsports (Ligier JS P2) – Etats-Unis – 116 points
  5. N°30      Extreme Speed Motorsports (Ligier JS P2) – Etats-Unis – 78 points

Confiance aux hommes

Philippe Sinault, tout au cours de cette saison très studieuse et souvent éprouvante du point de vue de la tension nerveuse, n’a eu de cesse de faire totalement confiance à « ses hommes ».

Le noyau dur des mécaniciens constitué à l’époque des saisons de monoplace fut étoffé naturellement pour les courses d’endurance et selon les mêmes exigences de rigueur, d’engagement et de solidarité.

Les pilotes choisis pour aller à la conquête du titre mondial savaient combien une confiance totale leur était accordée pour autant, qu’à partir d’une collaboration franche et totale, ils s’appuyaient sans réserve sur une structure technique et une stratégie de course totalement éprouvées.

Cette osmose entre les pilotes et le staff technique nous l’avons constatée lors des 24 heures du Mans, là où s’est dessinée la victoire mondiale, quand le Team RGR Sport By Morand avait quelque peu « bafouillé » sa course.

La saison prochaine verra sans aucun doute la catégorie LMP2 accroitre son crédit encore au niveau mondial, du fait même de l’abandon d’Audi, laissant seules les marques Porsche et Toyota s’expliquer entre elles.

Pour l’heure, on guettera l’impact de la victoire de cette Alpine de course sur le succès du lancement de l’Alpine de route. La synchronisation du réveil de la fibre patrio-historique avec la commercialisation est parfaite. Nous sommes, comme de nombreux passionnés, impatients de découvrir le produit du renouveau, volant en mains.

Alain Monnot | Crédit photographique : Gilles VITRY, DPPI, SIGNATECH

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